L’heure est favorable aux horlogers français pour produire du 100% made in France
L’horlogerie est un secteur en pleine croissance en France mais face à une grande problématique : il y a trop de candidats et pas assez de places à pourvoir dans les centres de formation. Pour répondre à cet enjeu, un centre de formation de l’horlogerie verra le jour à Bar-le-Duc (dans la Meuse). L’ouverture est prévue en 2027 avec un investissement de 8 millions d’euros.
Pierre Lannier, horloger français depuis 1977, a conçu son premier modèle 100% made in France et l’a commercialisé en septembre 2022. Ce pari fou d’une montre totalement fabriquée en France est un vrai succès. À l’avenir, la maison souhaite lancer une vingtaine de modèles. En attendant elle rappelle que la profession est face à de nombreux défis.
• 1er défi : la loi de l’offre et de la demande sur les postes horlogers
« Évidemment c'est bien de réindustrialiser et de relocaliser. Mais il faut aussi avoir la main d'œuvre, les salariés pour pouvoir le faire. Et actuellement je pense qu'en France on a pas mal d'emplois non pourvus, donc on ne va pas encore en rajouter. Et c'est vrai qu'il y a une particularité, il y a trop de candidats par rapport aux postes d'horloger qui sont à pourvoir dans les formations » selon Pierre Lannier.
« Donc, il y a pas mal de travail. Il y a des grands lycées qui font des belles formations, mais malheureusement, il n'y en a pas assez pour tous les candidats qui souhaitent le faire. Donc je pense que ça, c'est aussi un challenge pour les années à venir » renchérit l’horloger.
• 2ème défi : des salariés vieillissants dans le secteur
Le projet de construction d’un centre de formation horloger à Bar-le-Duc a pour objectif de former des personnes plus jeunes aux métiers. Effectivement la moyenne d’âge dans les effectifs laisse la part belle aux séniors. C’est ce que partage le PDG de Pierre Lannier, Pierre Burgun qui souhaite capitaliser sur la jeunesse « La majorité des personnes chez nous sont formées par nos soins. Alors nous, on a une particularité, c'est qu'on a une ancienneté moyenne de 20 ans. On a un âge moyen assez élevé malgré tout. Et chez nous, les seniors travaillent. Il y a beaucoup de personnes de plus de 55 ans. Ce qui nous amène aussi à trouver des alternatives pour le futur ».
• 3ème défi : la difficulté de trouver un fournisseur correspondant aux besoins des structures
Ambre Hadjez, cofondatrice de Millow Paris, fabricant de montres mécaniques pour les enfants a consacré beaucoup de temps avant de trouver le fournisseur qui lui convient. « Je pense que j’ai passé 200 coups de fil. C'était très dur. Mais en même temps, une fois qu'on en a trouvé un et qu'on a un pied dans le secteur, c'est un secteur qui s'entraide. C'est un métier où on dialogue beaucoup » déclare la créatrice.
Un résumé du marché de l'horlogerie 100% made in France
Le 100% made in France est un écosystème en train de se mettre en place. « C'est une nécessité absolue. Le marché de l'horlogerie en France est de 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Il y a uniquement 2 % des montres qui sont fabriquées en France, donc il y a largement de quoi faire. On n'est pas beaucoup, on n'est pas nombreux. Il faut qu'on soit solidaire et c'est primordial. Je milite pour ça, pour qu'on soit tous conscients que si on est ensemble, on pourra le faire » rélève Pierre Burgun.
Le développement de l’horlogerie française est une priorité pour ce décideur et il n’hésite pas à le faire savoir hors des frontières françaises « On va avoir de nouveau un pavillon français sur un salon horloger à Munich. Et on sera sept fabricants français à être ensemble sur un pavillon français, pour mettre en avant la fabrication française et essayer de développer l'horlogerie française ».
Crédit : Europe1.fr